Alyson Lapointe est l’une des figures inspirantes de COFFRE depuis plusieurs années. Lauréate du Prix Les Exception’Elles en 2019 – un gala qui célèbre les femmes déterminées et ambitieuses qui exercent dans les métiers non traditionnels –, elle vient en appui à l’équipe de COFFRE, pour sensibiliser et informer les femmes, à travers des capsules vidéo, sur les différentes réalités des secteurs à prévalence masculine. Après un congé de maternité et la pandémie, je souhaitais la rencontrer pour revenir avec elle sur son parcours et ses accomplissements des dernières années; je l’ai accueillie récemment sur le balado « Les Elles de l’avenir, de la botte à cap aux talons hauts ».
Je vous offre, ici, un bout de son histoire et son désir d’inspirer les nouvelles générations.
Après le secondaire, elle s’est inscrite en thanatologie, motivée par son empathie naturelle et le désir de redonner dignité et respect aux personnes décédées. Toutefois, elle a rapidement réalisé que cette voie ne correspondait pas à son besoin d’action et de liberté. Le déclic est venu lors d’un incident anodin : en réparant une toilette cassée chez des amis, elle a découvert un réel plaisir à résoudre des problèmes manuels. Elle a obtenu le titre de « Lily la plombière ».
Encouragée par une conseillère au Carrefour Jeunesse-Emploi, Alyson s’est inscrite dans une formation pour obtenir un DEP en plomberie et a fait le grand saut, laissant derrière elle le confort de sa ville pour aller étudier au Saguenay.
Dès le début de sa carrière, Alyson a dû composer avec les préjugés souvent associés aux femmes dans le secteur de la construction. Les équipements de protection individuelle (EPI) mal adaptés aux morphologies féminines, ainsi que les remarques parfois maladroites de ses collègues, font partie de son quotidien. Pourtant, Alyson y voit un défi à surmonter plutôt qu’un obstacle.
« Plus on en parle, plus les gens réalisent que c’est un problème », dit-elle, rappelant la nécessité de moderniser certains aspects de l’industrie.
Sa plus grande fierté reste d’avoir persévéré et de s’être fait une place en tant que femme et mère dans ce milieu. Sa passion pour le métier reste intacte, malgré les sacrifices qu’il impose, notamment celui de se lever chaque jour à 3 h 45 pour pouvoir combiner son rôle de mère de trois enfants et sa carrière exigeante.
Chaque jour, elle veut changer le monde à sa façon. Elle s’implique autant auprès de son syndicat, de son équipe de travail, que de son employeur. Elle se considère comme une féministe avec un beau leadership, positive et engagée.
Après plus de 10 ans d’évolution dans ce domaine, elle a toujours été bien considérée, reconnue pour ses compétences et son expertise. Elle peut dire aujourd’hui que son professionnalisme est reconnu et que plusieurs personnes souhaitent avoir la chance de travailler avec elle.
Au-delà de son travail quotidien, Alyson s’investit activement dans des comités et des initiatives visant à encourager l’inclusion des femmes dans les métiers de la construction. Son implication au sein de son syndicat et de groupes, comme le comité Femme Unies du local 144, le comité des Femmes de Métier de l’Inter et sur le Conseil d’Administration des Elles de la Construction, témoigne de sa volonté de créer un changement durable dans l’industrie.
Son but ultime? Faire de la construction un véritable « plan A » pour les jeunes filles, en glorifiant les DEP et en déconstruisant les stéréotypes associés aux métiers manuels.
Alyson aspire à faire comprendre que ces métiers peuvent offrir non seulement une stabilité financière, mais aussi une flexibilité de vie qui permet de s’épanouir pleinement. Elle prend également à cœur la mission de sensibiliser les employeurs et les autorités sur des enjeux comme le manque de cotisations au fonds de pension pour les travailleuses en congé de maternité, un problème qu’elle qualifie de collectif et non individuel.
Son message est clair : « Il faut faire ce qu’on aime, sinon la vie va être vraiment longue. »
Ce credo, Alyson le transmet chaque jour, autant à ses enfants qu’à son entourage. Grâce à son énergie et sa ténacité, elle est devenue bien plus qu’une professionnelle compétente; elle est un modèle de persévérance pour celles et ceux qui osent rêver d’un avenir différent.
Chronique écrite par Émilie Rey, parue dans le journal Le Canada Français, le 21 novembre 2024.
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