Suzanne Dufresne, de l’entreprise Au Gré des Champs, en compagnie de René Gomez, un étudiant originaire de la Colombie. (Photo Quartier de l’emploi) 

Quand l’apprentissage n’a pas de frontières

LES CHRONIQUES DU QUARTIER

Le Canada Français, N°22 – jeudi 06 février 2020.

Par Manon Racine

Quand l'apprentissage n'a pas de frontières

L’hiver qui se poursuit nous fait parfois rêver au soleil, à la chaleur des pays du Sud. Pourtant, René Gomez, arrivé au pays depuis août 2019 et originaire de la Colombie, a choisi de venir étudier ici. Lors de notre rencontre chez son employeur, La Fromagerie Au Gré des Champs, ma première interrogation fut la suivante : « Mais pourquoi le Québec ? »

C’est un homme calme et réfléchi qui me parle de son plan de vie et qui me dit, d’entrée de jeu, que l’un de ses critères de sélection fut la sécurité pour sa famille. À ceci s’ajoute l’importance du respect au Québec, que ce soit face aux normes, aux règlements, mais aussi à l’environnement. « Ma famille et moi avons choisi de venir ici, même si je savais que nous devrions recommencer à zéro. En Colombie, j’étais directeur d’une usine de transformation du lait. Ma vision en est une à long terme. J’étudie à l’École de technologie supérieure à la maîtrise en gestion des risques en santé et sécurité au travail, car j’ai à cœur le bien-être des gens. Pour une personne immigrante, Saint-Jean-sur-Richelieu est une ville idéale où l’on retrouve tous les services d’une grande ville. »

Étudier, mais aussi travailler

Son statut d’étudiant étranger lui permet de travailler 20 heures par semaine. Ce fut donc un lien naturel pour lui de se tourner vers l’industrie laitière. Suzanne Dufresne, propriétaire de la fromagerie, nous parle ainsi de l’arrivée de René au sein de l’équipe.

« Au début, je me suis dit qu’il était surqualifié pour l’emploi que j’avais à combler. Cependant, René doit s’initier aux normes québécoises de salubrité et de l’industrie. La formation se fait rapidement, car c’est un milieu qu’il connaît très bien. Sa participation est bénéfique pour la ferme, on a beaucoup à apprendre les uns des autres. »

Saviez-vous qu’un étudiant étranger doit payer quatre fois plus cher les frais associés à sa scolarité qu’un résident du Québec ? Son emploi à la fromagerie permet donc de couvrir le coût de la vie, mais aussi de socialiser. René surenchérit en nous parlant de son emploi. « Ce travail est une bonne porte d’entrée sur le marché du travail. Il me permet de faire partie d’une équipe, de mieux m’intégrer à la société et de pratiquer la langue », souligne-t-il.

 

S'outiller pour mieux vivre

À son arrivée, René et sa famille ont eu recours au service de L’ANCRE. Tout d’abord, Lise Deland, conseillère en emploi, a pu guider ce nouvel arrivant
pour la création de son CV selon les tendances actuelles du Québec.

« En Colombie, les CV longs et détaillés sont la norme ; ils contiennent beaucoup d’informations personnelles telles que le statut marital, l’âge, le nombre d’enfants. Dans un premier temps, nous avons adapté son CV, fait ressortir davantage son parcours professionnel, tout en épurant l’information. Suite à ses études, nous mettrons celles-ci de l’avant, mais également son expérience de travail au Québec. Ce sera vraiment gagnant », explique Mme Deland.

Pour l’intégration de la famille, L’ANCRE leur a offert une visite exploratoire qui leur a fait découvrir la ville, les loisirs pour les enfants, les Halles également. La conseillère Amélia Lopez, originaire de l’Équateur, a d’ailleurs fait la visite en espagnol pour faciliter la compréhension de l’épouse de René qui étudie présentement à La Relance, en apprentissage du français.

Amélia nous parle ainsi de sa contribution. « J’ai tenté d’apaiser leurs inquiétudes, précise-t-elle. Pour une personne issue de l’immigration, il faut essayer de recréer dans notre terre d’accueil nos habitudes, retrouver les choses qu’on aimait faire dans notre pays. Les loisirs servent à ça et les connaître dans notre nouveau milieu est primordial. Je leur ai aussi présenté les Halles, où tout est accessible sous un même toit et où on peut échanger directement avec les propriétaires. C’est une belle opportunité de se familiariser avec la culture québécoise. » 

En terminant, revenons aux objectifs de René, à ce qui l’attend à long terme. « Il est clair que je désire demeurer ici. La vie de famille est plus saine en région. Après mes études, je pourrai demander ma résidence permanente. J’aimerais rester au Québec, y apporter mon expérience et mon savoir-faire. C’est mon plan de vie ». conclut-il.