Stéphanie Cusson, à gauche sur la photo a accueilli Karina Horodnichenco, une réfugiée ukrainienne qui pose à sa droite. À l’arrière, Anna Kari, chargée de projet pour L’ANCRE.

Fuir, accueillir et accompagner, trois verbes conjugués au présent

LES CHRONIQUES DU QUARTIER

Le Canada Français, N°44 – jeudi 7 juillet 2022

Par Manon Racine

Fuir, accueillir et accompagner, trois verbes conjugués au présent

24 février 2022. Voilà une date qui marquera l’histoire. Vous souvenez-vous ce que vous faisiez quand vous avez appris que la Russie avait déclaré la guerre à l’Ukraine ? J’ai pu m’entretenir avec trois femmes qui, dû à cet événement, ont vécu une improbable rencontre, ici, à Saint-Jean-sur-Richelieu.

En cette triste journée de février, assise devant son téléviseur, Stéphanie Cusson a, comme la majorité d’entre nous, visionné les images de ce pays bombardé, défiguré subitement par l’assaut militaire russe. De son côté, Anna Kari, Ukrainienne vivant dans notre région, a vu sur Facebook des vidéos partagées par ses connaissances vivant en Ukraine lui annonçant cette guerre qui détruit tout : les aéroports, les routes, les ponts, les églises, les écoles, etc.

En plein cœur de l’action à Vasylkiv (à proximité de Kyiv), beaucoup trop près des bombes, Karina Horodnichenko, une jeune femme de 20 ans, a regardé par la fenêtre. Tout d’abord pensant à un grave accident, elle comprendra plus tard et beaucoup trop vite que sa vie venait de basculer. Très rapidement, elle a plié bagage pour se rendre chez des amis plus loin dans le pays pour finalement se réfugier quelques mois en Pologne.

C’est là qu’elle rencontrera une nouvelle amie qui a déjà entamé les démarches pour venir à Montréal. Ne voulant pas voyager complètement seule, Karina se tourne vers les réseaux sociaux mentionnant qu’elle désire, elle aussi, venir au Québec. C’est ainsi qu’elle fera la connaissance de Stéphanie Cusson, qui désire s’impliquer.

 

Impuissance

Stéphanie raconte : « Mon conjoint et moi, nous nous sentions impuissants et nous avons décidé de voir si on pouvait aider concrètement. C’est en parcourant Facebook que j’ai vu la publication de Karina. Nous avons commencé à nous écrire sur Messenger ; plus tard, j’ai demandé à ce que nous nous voyions sur FaceTime. Je voulais m’assurer que j’aidais vraiment une personne dans le besoin. Tout au cours de ces démarches, j’ai fait preuve d’une grande prudence. »

Pour aider à subvenir aux besoins de Karina à son arrivée, Stéphanie commence une collecte de fonds sur les réseaux sociaux. « Ma famille, les gens autour et même des inconnus ont été très généreux. Le billet d’avion de Karina a été acheté par un homme de Colombie-Britannique qui voulait aider lui aussi. Nous ne le connaissions pas, ni elle ni moi. »

Elle ajoute : « J’ai fait plusieurs recherches, contacté la Ville aussi pour savoir comment l’aide envers l’Ukraine allait se déployer. À travers ces démarches, j’ai découvert L’ANCRE, dont je n’avais jamais entendu parler. »

 

L'ANCRE

Anna a été embauchée par L’ANCRE grâce au financement particulier de la Ville et de la MRC pour créer le lien entre les ressortissantes et ressortissants ukrainiens, leur famille d’accueil, la population ainsi que coordonner l’aide offerte. Elle parle couramment le français, l’anglais, le russe et l’ukrainien.

C’est vraiment rassurant pour ces personnes qui vivent un choc post-traumatique, qui n’ont nullement préparé (ni souhaité) leur immigration au Québec, de pouvoir s’exprimer dans leur langue à l’arrivée.

 

Conseils

À chacune, j’ai demandé qu’elles me fassent part d’un conseil qu’elles ont appris à la suite de leur expérience présente. En premier lieu, Karina me dit : « Il faut être très prudente, toujours avoir en tête notre sécurité, car on se retrouve seule à voyager. C’était la première fois que je prenais l’avion ! Mon désir maintenant est d’apprendre la langue, les traditions pour m’intégrer ici. »

Stéphanie ajoute : « N’ayez pas trop d’attentes, informez-vous bien, lisez beaucoup sur les expériences vécues par d’autres. Nous, tout ce qu’on désirait, c’est que Karina soit en sécurité ici. Nous avons discuté et fixé nos attentes respectives avant son départ de Pologne. Parfois, la connexion entre les gens ne passe pas, il ne faut pas se mettre trop de pression. Ça va bien pour nous, mais il ne faut pas oublier qu’elle n’est pas ici pour faire du tourisme, Karina a tout quitté, rapidement, sans préparation pour venir se réfugier ici. »

Anna me dit : « Il faut prendre son temps, le mode de vie est différent, tout est différent. Il faudra du temps pour que l’intégration de ces personnes, qui ont fui leur pays d’urgence, soit complète et réussie. »

En terminant, vous aimeriez aider vous aussi ? Il existe plusieurs façons de le faire ! Sur le site lancre.ca, vous pouvez remplir un formulaire qui vous permettra de spécifier ce que vous aimeriez apporter comme contribution pour ces personnes dont la vie a changé à jamais.